vendredi 26 juin 2015

26 juin 2015 : Université Populaire de Parents à Tarare


A l'invitation du groupe Université Populaire de Parents de Tarare (69 Rhône FRANCE) : intervention-discussion avec le groupe qui a travaillé sur le thème du handicap et de la différence.
Précédemment, nous avions dialogué par courriel. Voici mes réponses aux questions écrites du groupe:
"Être différent dans la société pour vous c'est ................? "
Il me semble important de reconnaître chacun comme "différent, ... comme tout le monde !". Simul et singulis (devise de la Comédie Française qui peut être traduite par « être ensemble et rester soi-même »)
Se sentir différent, cela peut vouloir dire se sentir stigmatisé, c'est à dire avoir intériorisé une norme sociale au point qu'elle vous donne à ressentir douloureusement cette "différence". C'est donc d'abord la norme qui s'impose et par contrepoint inflige à certaines personnes qui s'en différencient à leurs propres yeux et aux yeux des autres, une étiquette.
Faire société, cela suppose de permettre à chacun de vivre selon les marques de sa singularité naturelle et culturelle dans le respect des règles démocratiquement fixées et consenties. Cela dessine les contours utopiques d'une société inclusive.
C'est une utopie car les sociétés humaines ont toujours besoin de se définir par l'exclusion de ceux qui sont vus comme différents afin de se délimiter. Dans sa version dure, ce mécanisme se manifeste en France actuellement par le discours du FN. Dans ce discours, la différence devient stigmatisation par la production d'un jugement de valeur sur des personnes assimilées à des catégories sociales ou ethniques. Pour se rassurer les frileux, ceux qui se croient encore à l'intérieur, qui cherchent protection contre leurs peurs, désignent à la vindicte les différents. Les ayant rejetés, ils pensent pouvoir se sentir eux-mêmes protégés par la frontière de papier qu'ils croient défendre. C'est pitoyable si ce n'était tragique et le fruit d'une manipulation par des escrocs qui font leur beurre sur les peurs réciproques.

" Vous êtes vous déjà senti différent ?"
Oui... comme tout le monde !
Au sens en tout cas, où je n'ai pas l'esprit de meute, où je tente de préserver mon libre-arbitre. A ce titre, comme la philosophe Hannah Arendt, "je pense que l'on peut agir de concert et qu'on ne peut penser que solitairement." De là "la différence", qui n'exclut nullement la solidarité et l'action commune. Au contraire, elle en constitue l'aliment, la force, l'enrichissement. En physique, l'énergie est elle-même une différence de potentiel ! Il faut de la différence pour qu'il se produise quelque chose. Agir avec quelqu'un qui nous serait exactement semblable, ce serait faire équipe avec son ombre !
Cette question autour de la différence est souvent évoquée à propos du handicap. On discute à l'infini pour savoir si être affecté d'une déficience entraînant une incapacité, cette dernière constituant en contexte un handicap est ou non une différence et quel statut on doit lui donner. Cette question est largement une chimère. Chacun y projette souvent les peurs inconscientes issues du refus de sa propre vulnérabilité. Lorsque je travaille avec un élève qu'on a classé par commodité (malheureusement) dans la catégorie "déficient intellectuel" par exemple, cette déficience ne se manifeste en handicap que par "différence" avec ma propre façon de fonctionner intellectuellement. Ainsi, le handicap, c'est la situation dans laquelle nous pouvons nous trouver tous les deux lorsque nous ne nous comprenons pas. Nous sommes alors tout aussi handicapés l'un que l'autre parce que nous sommes différents. Il n'est pas plus différent de moi que je ne le suis de lui et de cette différence, il faut tirer l'énergie qui nous fera agir et réussir ensemble. Si nous n'y parvenons pas, on pourra dire que c'est autant de ma faute, moi qui n'ai pas su le comprendre, comprendre comment il comprend, que de la sienne. Et si nous y réussissons, qui pourra dire qu'il n'a pas consenti un effort aussi louable et productif que moi ?
Alors pour revenir à la question, oui, je me suis toujours senti différent parce que je sais que c'est la seule façon d'être soi et de permettre à l'autre d'être lui-même.
Aujourd'hui, le dialogue est en direct, avec une joyeuse et studieuse équipe d'animation.

lundi 8 juin 2015

8 juin : journée d'études interdisciplinaires "Handicap et Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) : une approche par les sciences sociales"

Maison des Sciences Sociales du Handicap – Paris

L'appel à communication : CLIC !


"Ma proposition s’inscrit dans l’axe 2 de cette journée d’étude, plus précisément, elle porte sur la question éducative de “l’éducation aux médias des adolescents ayant une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l’autisme”.

Il s’agira de présenter une recherche exploratoire en cours sur ce thème, réalisée au Québec et qui a pour objectif de décrire les usages des élèves DI-TSA et les pratiques enseignantes de leur éducation aux médias numériques.

En effet, si l’on dispose d’un nombre considérable d’études sur les usages des médias numériques par la population jeune en général, une recension de la littérature scientifique concernant l’éducation aux médias des adolescents DI-TSA montre qu’il y a peu de travaux sur ce thème (Lachapelle, Cloutier et Masson, 2002). Quelle place tiennent ces outils et usages dans leur fréquentation des médias ? Comment s’en servent-ils dans leur quotidien pour s’informer et communiquer ? L’émergence exponentielle de nouveaux outils et usages du numérique suscite au sein des milieux scolaires en particulier des espoirs et des initiatives dans deux directions : d’une part celles qui visent à en tirer profit pour l’éducation et/ou la réadaptation des personnes handicapées et d’autre part celles qui cherchent à modifier et adapter l’ergonomie des outils pour pallier aux déficiences fonctionnelles (Michel et al., 2013).  Mais il est remarquable qu’elle ignore la dimension commune des usages liés à la participation sociale.

C’est une recherche exploratoire sur le thème, reposant sur un devis qualitatif. Elle s’appuie essentiellement sur l’analyse d’entretiens semi dirigés avec des enseignants accueillant dans leurs classes des élèves concernés. 

Lachapelle, Y., Cloutier, G., & Masson, M.-R. (2002). Les technologies de l’information et des communications (TIC) dans les Centres de réadaptation pour personnes présentant une déficience intellectuelle du Québec. Revue Francophone de La Déficience Intellectuelle, 13.


Michel, G., Masson, R., & Spérandio, J.-C. (2013). Internet est-il accessible aux personnes ayant des incapacités ? "

Le PPT :