vendredi 21 octobre 2016

Lecture : Les dispositifs scolaires québécois et français offerts aux élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme

Poirier, N., & Cappe, É. (2016). Les dispositifs scolaires québécois et français offerts aux élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme. Bulletin de psychologie, Numéro 544(4), 267‑278.

Cet article appelle sans doute quelques commentaires et quelques nuances.
Il a le mérite de mettre en évidence qu'il y a encore des progrès à accomplir pour la scolarisation des élèves autistes de part et d'autre de l'Atlantique.
Pour ce qui est de la situation française, il me semble qu'il faut tenir compte des limites suivantes :
- le ministère ne recense pas les élèves selon leurs pathologies mais selon les troubles ayant une incidence sur leurs apprentissages. C'est un choix quasi éthique - louable car il vise à ne pas médicaliser l'approche - mais qui a quelques inconvénients pour sa lisibilité. Résultat : ce sont les associations qui tiennent les comptes. Elles le font en fonction de leurs intérêts, ce qui peut aboutir à quelques exagérations. Ainsi "En France, il semblerait, d’après le Collectif autisme, que 50 % des enfants avec TSA n’auraient accès à aucune forme de scolarisation." me semble à prendre avec précaution car la tranche d'âge considérée n'est pas précisée.
- le taux de scolarisation au Québec est relativement fort en comparaison dans la mesure où l'école (tous types d'écoles) est le seul lieu d'accueil des élèves. Mais nous voyons bien que la seule présence d'un enfant dans une école ne garantit pas qu'il y soit vraiment scolarisé, qu'il y reçoive un enseignement à haute valeur pédagogique à temps plein. Dans les établissements médico-sociaux français les enfants sont pris en charge par des éducateurs qui font un travail très semblable à celui que je vois dans les écoles spécialisées du Québec. Quant à ce qui se fait dans les classes d'adaptation scolaire québécoises, on peut parfois regretter que soit négligée une éducation globale propre à soutenir la participation sociale des futurs adultes au profit d'apprentissages notionnels n'ayant pas grand sens ni intérêt. Au final, ce que j'ai pu observer ici et là me donne à penser que les bonnes et les mauvaises pratiques ne sont pas si différentes ni en quantité ni  en qualité.
- la formation des enseignants : les deux systèmes sont difficilement comparables. Au Québec, tous les enseignants de l'adaptation scolaire ont un "bac en adaptation scolaire" qui les différencie d'emblée de leurs collègues généralistes. Cette prédestination est ambivalente. Elle a l'avantage de porter l'attention sur les particularités des publics scolaires mais elle a l'inconvénient d'être assez faiblement instrumentée sur les plans de la pédagogie générale de la maîtrise des savoirs disciplinaires et de la didactique. En France, tous les enseignants sont formés au niveau master 2 en tronc commun (un peu comme leurs homologues généralistes québécois) et font en cours de carrière le choix d'un poste en classe spécialisée. On peut considérer que dans leur première affectation ils ne sont pas formés mais cela est souvent largement compensé par la volonté d'y aller. Et c'est rendu à ce poste que l'enseignant(e) demande à entrer en formation spécialisée pour obtenir le CAPA-SH, formation en alternance dont il ou elle tire un profit avivé par la confrontation à une authentique situation professionnelle. C'est l'expérience que j'ai faite et ce que j'ai pu constater en observant les 28 collègues avec lesquel(le)s j'ai fait ma formation.

Rapport du Conseil Supérieur de l'Education sur l'état et les besoins de l'éducation 2014-2016

Source : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/10/21102016Article636126294953914718.aspx